Depuis la fin du 19ème siècle, le monde a beaucoup changé, le tango, lui, a traversé tous ces temps. Les émotions, les sentiments et les plaisirs qui naissent à partir de lui (à moins que ce ne soit l'inverse) sont toujours présents. Romain Baillon photographie l'intime, les secrets, les bouleversements sur les visages des danseurs. Rencontre ici et sur site.
Au départ, la passion c'était la photo ou le tango ?
"Un peu les deux. J'ai commencé par faire de la photo sérieusement en affutant mon envie au gré de l'humeur mais la rencontre avec le tango quelques mois plus tard a été une révélation, au sens où je trouvais le sujet attendu, qui allait me permettre de faire aboutir mon ambition. Faire autre chose autrement. Quoi ? Des photos de tango dans les milongas parisiennes. Il fallait juste se hisser à la hauteur du sujet.
Pourquoi essentiellement des photos en couleurs excepté la série "Arbres Hiver" ?
J'ai commencé par vouloir retranscrire la réalité du bal, dans toute sa fraicheur, sa nouveauté, sa réalité Il me fallait en conséquence m'écarter du noir et blanc que je pensais complice des clichés éculés sur le tango que j'avais en tête, avec des couples de danseurs prenant des poses ridicules qui étaient à cent jours de ce qui se présentait à l'évidence dans les bals. La couleur s'est donc imposée dès le début de ma recherche pour son réalisme. Par la suite, en recherchant de nouveaux effets à la prise de vue et au tirage qui rapprochaient ma démarche d'un pictorialisme hors temps, la couleur conservait des avantages, notamment comme vecteur des émotions et de la passion, d'un certain onirisme. J'ai par la suite gardé cette habitude et cette préférence pour le travail en couleurs.
Le choix de vos thèmes (le tango, la cigarette, le métro..) s'opère de quelle façon ? Est-ce lié à des lectures, des observations, des influences d'autres photographes que vous admirez ?
...J'ai une intention préalable forte qui m'indique que je vais devoir vivre un moment avec l'envie de traiter au fil des jours et des occasions un thème donné, pour des raisons très personnelles, claires et obscures. Je me cramponne alors aux quelques références culturelles que j'ai sur le sujet et je décide de voyager avec ça, de me frotter au motif avec ce bagage suffisant sans ressentir le besoin de me documenter sur les traitements existants du sujet. On verra après !"
Photos de Romain Baillon protégées par les droits d'auteur.