29 août 2010

Je suis sûr que le tango est là...

Apprendre et apprendre encore… Parfois, ça devient un véritable fouillis, chaque figure nouvelle, en se déplaçant, remet en cause toutes les autres. Rien n’est jamais acquis et c’est à la fois ce qui agace et ce qui passionne.

La chose la plus difficile c’est le début, c’est lorsqu’on entend cette phrase la première fois : «Une pensée triste qui se danse» et qu’on ne la comprend pas. Puis, plus tard, on réalise qu’il ne s’agit pas nécessairement de notre tristesse mais d’émotions d’hommes et de femmes ressenties il y a bien longtemps. Et à notre tour, enfin, dans ces mouvements, dans ce partage avec l’autre, on se dit qu’on est capable de les éprouver.

La tristesse qui parfois nous prend à l'écoute du bandonéon, les troubles de la chair lorsque l’abrazo se crée, le tourment qui transparaît dans une chanson, le désir de vivre dans les pizzicato des violons, l'exigence que l'on se donne et le laisser-aller qui nous sied si bien ...

Le tango comme dédoublement et qui fait vaciller mon esprit le temps d’une danse.

Photo Chantal Lécluze

22 août 2010

Les S'tangoliotes d'Istanbul



Il suffit de pousser la porte de Tango Jean, milonga d' Istanbul et de prêter attention à quelques photos accrochées au mur pour comprendre l'intérêt qu'ont manifesté les Stambouliotes pour le tango argentin pratiquement dès ses origines. Il faut dire que Mustafa Kémal appréciait et savait danser le tango argentin. Il y avait déjà des bars de nuit, des cabarets , des milongas dans le quartier de Péra dans les années 20 et celui qui allait devenir Atatürk* ne se privait pas de les fréquenter !

C'est donc un peu grâce à lui qu'aujourd'hui, les jeunes tangueros d'Istanbul évoluent sous les yeux de Zehra Eren, interprète de tangos turcs comme "Ask Denizi",
d'Ibrahim Ozgur (1905 - 1959) compositeur et interprète, entre autres, de "Mavi Kelebek",
de Kadri Cerrahoglu (1903 - 1983) auteur et compositeur de "Sarhosum Sarhos"...
de Seyyan Hanim qui a interprété le tango le plus célèbre, le plus internationalement connu "Maazi" (Le Passé), le tout premier tango turc composé en 1928.


Si vous passez dans la plus belle ville du monde, n'oubliez pas de vous rendre chez Tango Jean ou chez Baïla Tango, ou encore à l'hôtel Armada... A Istanbul, on danse tous les soirs !

* Rappelons que Atatürk qui considérait la danse en couple comme expression de l'égalité de l'homme et de la femme, obligea les députés à danser avec leurs épouses lors des célèbres "bals de la République".

11 août 2010

William, Georges, Gerardo et les autres

Dans l'excellent polar "La ville des couteaux" chez Rivages/Noir l'auteur américain William Bayer écrit "La meilleure introduction au tango argentin se trouve peut-être au cinéma". Et de remercier, entre autres, le cinéaste Jorge Zanada réalisateur en 1988 de "Tango, our dance".
Dans ce film, ponctué d'interviews et de danses, d'images d'archives et de scènes de Buenos Aires, on peut voir des personnages aussi prestigieux que Maria Nieves, Miguel Angel Zotto ou encore Gerardo Portalea décédé en mai 2007. Gerardo Portalea témoigne, dans cet extrait, de sa vie qui aurait pu être le thème d'une cancion : il n'a jamais voyagé, il n'a jamais enseigné, il n'était pas un grand technicien, c'était un poète de la danse. (cliquez sur son nom pour voir la vidéo)

2 août 2010

Tango Otero


Cher Monsieur Otero,

Si toutefois un jour vous venez dans ma ville, j'aimerais beaucoup vous rencontrer et vous proposer un espace qui pourrait accueillir vos oeuvres.
Espace, comme vous semblez aimer ce mot... Il suffit de regarder comment vous déposez un couple, un enlacement, un baiser, un orchestre typique sur la toile ou sur la feuille claire. Si j'aime particulièrement vos dessins, vifs, subjectifs, exprimant l'art de la danse et l'expérience des danseurs, j'aime aussi les peintures qui traduisent votre attention à l'égard des couples enlacés ou votre amour de la musique, de la chanson et du geste qui n'appartient qu'au tango argentin. Certes, je ne connais pas beaucoup d'artistes peintres qui ont choisi ce thème mais j'ai le sentiment que j'avais besoin de rencontrer votre sensibilité pour mettre une couleur, une impression, une image sur les émotions qui me prennent lorsque je danse et qui sont indicibles. Je n'avais encore jamais vu le désir peint ainsi.
Comme l'écrit votre ami Coatrieux :
"Tu me racontes l'histoire
Des corps
Des courbes
De la douleur
Et du désir..."

Bien à vous,