A la recherche du tango perdu
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Ce soir là, en arrivant dans la ruelle, il espérait rencontrer à nouveau des danseuses professionnelles ou quelques serveuses qui accepteraient bien une milonga. Quand il franchit la porte et s’acquitta d’un droit d’entrée, il crut reconnaître «Mi noche triste», un tango de ses jeunes années. «Faut-il que tout change pour que rien ne change ?» mais cette première impression le quitta rapidement. Les hommes, surpris par son accoutrement s'éloignèrent de lui et les danseuses, en tout cas celles qui n’étaient pas sur le plancher, le dévisagèrent en pouffant. Il ne reconnut pas Margo parmi elles, même si elles avaient des bas résilles, des jupes fendues et des yeux noirs et, pensa-t-il, elles n’en veulent pas à mon portefeuille. Lors du premier tango qu’il fit avec une jeune danseuse, il apprit qu’il ne faisait pas suffisamment de figures, au second, elle lui expliqua qu'il y avait des cours où on pratiquait pendant une heure des échauffements et au dernier qu’il pouvait s’inscrire à un stage pour 2000 pesos !
"Apprendre le tango... mais il n'y a rien à apprendre ou plutôt si mais pas comme vous croyez. Danser, danser mais il faut aussi parler, le tango ça se parle, c'est tout aussi important de le danser que de parler de lui, de connaître ces hommes et ces femmes qui ont fait le tango. Voilà pourquoi je voulais revenir ici ce soir pour être avec vous, en parler avec vous. Mais vous n'écoutez pas, pas encore..."
Et l'ombre se glissa hors de la milonga, retournant à ses souvenirs d'un tango immortel.
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