21 août 2009

Argentina negra y tango negro

Juan Carlos Caceres chante : "Tango negro, tango negro Te fuiste sin avisar, Los gringos fueron cambiando Tu manera de bailar. El amo se fue por mar, Se acabaron los candombes En el barrio de Montserrat..."

Tango nègre, tango nègre,
Tu es parti sans prévenir,
Les gringos ont changé ta manière de danser.
Le maître est parti par la mer,
Il n'y a plus de candombé dans le quartier de Montserrat...

Traduction Fabrice Hatem

La chanson italienne, le folklore yiddish, la habanera cubaine et le candombé africain vont ainsi se croiser à Montserrat, le quartier noir de Bs As où déjà se pratiquent des danses indécentes...
Tango negro, tango negro.

Miriam Gomes a été à l'initiative en mai dernier du Festival Argentina Negra rappelant ainsi qu'au XVIIIème, Buenos Aires comptait 30% de Noirs. Descendants des Africains arrivés comme esclaves, marins expérimentés venus du Cap Vert et autres afro-américains issus de la traite négrière, le festival évoque toutes ces populations qui ont donné une touche singulière à la littérature argentine, à la peinture et au tango.

12 août 2009

"Je vois de belles choses..."


Stéphane King : "C'est bien, c'est bien... Je vois de belles choses, c'est très bien... Je vous laisse travailler... Un, deux croisé et tour deux, trois, quatre.
...Regardez, on va se servir de deux énergies circulaires. Ma danseuse vient comme ça, son énergie plus la mienne et on sort...
Huit avant, je bloque, je ferme et on tourne. D'accord ? Je la reprends. On danse...
Un, ouverture, deux, ma jambe est libre, je vais ouvrir autour de moi, mon ouverture est autour... Vous essayez ?
Ce qui est important... 1, 2, notre pivot va se faire sur cet axe, cette jambe elle suit...
...1 ouvert, 2... là, je bloque et je repasse complètement ici pour faire toc, toc, toc... Je ne tourne que sur ma jambe qui a bloqué, l'autre est en sandwich mais elle n'est pas vraiment au sol... D'accord ?
Allez, on travaille..."
Stéphane King nous a quittés dans la nuit du samedi 8 au Dimanche 9 août 2009
Photo Dominique Perdriolle

7 août 2009

Tango fatal

Voilà plus de six mois qu'il apprenait le tango avec des hommes et il ne s'était encore jamais rendu dans une milonga. Ce soir serait la première et il espérait que Margot serait là et surtout qu'elle accepterait de danser avec lui. Il avait décidé de l'éliminer non seulement de la piste mais de l'éliminer tout court si elle se refusait à lui. Depuis des semaines qu'elle jouait les allumeuses lorsqu'il venait au bar avaler une ou deux bières sans que ça n'aille plus loin...

Dans la salle de bain éclairée par une lampe à pétrole, il finissait de se préparer : un coup de rasoir, un coup de peigne, trois ou quatre gouttes d'un parfum à base d'huile de bergamote et le tour était joué. Toutes les mauvaises odeurs qui régnaient dans le conventillo s'étaient volatilisées.

Quand il arriva au lupanar, on jouait "La melodia del Corazon", un de ses tangos préférés mais sur lequel il n'avait enlacé que des hommes… "Jusqu'à ce soir, se dit-il, jusqu'à ce soir."
Margot était là, plantée au bar, robe relevée à demi sur ses jambes, et elle riait, la souris, elle riait avec un voyou. Il s'élança vers elle et l'invita tout de suite sur ce tango de Donato. Elle pivota sur son tabouret et lui fit face : "Si j'ai besoin de danser, dit-elle, ça n'est pas vers toi que j'irai, tu vois pas que je suis avec Lucio…" Il eut alors un sourire glacé, sa main descendit dans la poche de son pantalon et tout l'amour et toute la haine qu'il avait accumulés depuis des nuits se retrouvèrent dans le coup de poignard qu'il porta à la poitrine de la belle Margot.
En photo Rita Hayworth

1 août 2009

Cunningham dans l'espace

"Les limites du corps humain sont nettes. On a deux bras, deux jambes, une tête. On ne rampe pas comme un serpent. On peut l’imiter, mais la reptation n’est pas un mode usuel pour notre structure anatomique.

Il existe une autre limite, qui provient de notre imagination. La manière que nous avons de nous représenter une action comme possible ou impossible l’autorise ou l’entrave. La flexibilité de l’esprit ouvre un champ de possibles au danseur.

C’est comme dans la vie : chaque matin, pour aller travailler, vous empruntez la même rue, et un jour, vous êtes obligé de passer par un autre chemin. Un autre monde s’ouvre, surprenant, le corps met alors à jour des ressources insoupçonnées. Il y a aussi des limites tenant à l’époque. Si aujourd’hui certains danseurs exécutent des mouvements de plus en plus complexes, à l’inverse il y a certaines choses qu’on ne sait plus faire. On pourrait les réapprendre mais on ne s’y intéresse pas."

Extrait de l'interview donnée à Hervé Gauville pour le journal Libération en juillet 2002
Le chorégraphe est décédé le 26 juillet 2009