Nous avons été
Jamais son mari n'a voulu apprendre à danser le tango, il ne l'a jamais accompagnée à un bal, c'est déjà bien qu'il la laisse y aller, il se doute qu'elle ne danse pas beaucoup, elle le lui dit d'ailleurs mais lui ne change pas d'avis.
Elle attend et elle regarde...
...ce garçon gracieux, félin, jeune. Bien sûr, il a la chemise par dessus le pantalon, il danse en basketts et il porte les cheveux longs mais son corps sait donner de douces impulsions ou parfois encore il suspend un mouvement et elle, sur sa chaise, en un éclair elle se sent envahie d' un léger tremblement, palpitation intense...
Son mari ne lui fait plus l'amour ou alors une fois comme ça, rapidement, elle a à peine eu un frisson qu'il est déjà en train de se revêtir. Elle ne lui dit pas, elle ne lui dit plus.
Elle attend encore et toujours elle regarde...
Déjà cette heure-là se dit-elle. Le temps passe et pourtant rien ne change. Elle pense qu'il viendra, qu'il va arriver, elle l'attend avec fièvre, c'est bientôt l'heure pense-t-elle, il va arriver. Sinon elle va faire comment avec ce gouffre en elle et cette salle comble. Elle croit qu'il y a quelqu'un et peu importe s'il ne porte pas un pull rayé ou si son abrazo n'en est pas un.
Chaque fois qu'elles viennent dans cette milonga, elles continuent de croire qu'un danseur viendra, viendra à bout de leur solitude. Mais souvent, la musique est trop forte, trop intense et les danseurs n'entendent pas la solitude de ces femmes assises qui sur une chaise, qui sur un banc, toujours à la même place...
2 commentaires:
Je ne connais pas (encore) les milongua Mais ca donne envie de connaitre cet atmosphère.
Le bandonéon des milongas...
Enregistrer un commentaire