24 février 2010

Tango interruptus

Soudain, l'homme s' arrêta alors que le mouvement devenait de plus en plus intense, rapide. Il s'immobilisa, le regard ailleurs, radieux et perdu... Cependant la femme poursuivait : quelques gestes, fioritures, elle enlaçait son homme, elle composait de nouvelles figures, pour lui, rien que pour lui.

L'air devenait lourd. Déjà la sueur, la moiteur de leurs corps... Il pensa à La Havane où ils avaient séjourné l'été dernier. Cette idée fut fugitive, il ne fallait pas qu'il se mit à rêver, ça n'était pas le moment de la décevoir, la fièvre ne devait pas tomber, pas encore, pas maintenant.

Il mena à son tour le jeu, la danse et enchaîna un léger déplacement : la femme se retrouva dans une nouvelle position autour de lui. Il ne lui avait encore jamais montré ce tour et elle en fut toute émue et désirante car elle savait que rien ne se répètait jamais avec exactitude et qu'il lui fallait goûter totalement cet instant comme si c'était la dernière fois.

Ce qu'ils aimaient tous les deux était l'absence de régularité. Ne rien prévoir. Seulement sentir à quel moment l'un pouvait surprendre l'autre, enlacés de manière très proche, fusionnelle, lui la tenant fortement par la taille ou au contraire, réaliser une variante ouverte, très ouverte sur le plaisir.

Et interrompre à nouveau le pas, le geste, le mouvement...
"Les amants" René Magritte

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