De port en port
Lorsqu’il aperçut Rodolfo dans la rue de la Marine, il le prit en filature. Rodolfo serrait le bras d’une jeunette qui ne devait pas encore être majeure. Elle était fine et jolie, elle marchait vite aux côtés de son souteneur, baissant la tête et déjà pressentant ce qui allait lui arriver. Elle portait un baluchon, certainement du linge et autres babioles...
Ils arrivèrent au port ; sur les quais beaucoup d’agitation : un paquebot s’apprêtait à quitter Marseille avec à son bord de nombreux immigrants qui voulaient gagner la terre de Buenos Aires.
Nous étions en 1922 et le flic qui n’avait pas encore réussi à coincer le maquereau alors qu’il le pistait depuis plus de trois ans, se sentait bien seul au milieu de cette foule de pauvres gens. Il pensait aux parents de cette gamine qui n’avaient eu aucun scrupule à la vendre et Rodolfo n’en était pas à sa première proie. Beaucoup d’entre elles étaient aujourd’hui dans le quartier de la Boca ou le barrio de Palermo à vendre leurs charmes dans un bordel d’où sortait le son d’un bandonéon ou d’une guitare.
Rodolfo et Mona –il lui avait déjà trouvé un nom– étaient maintenant proches de l’embarquement. Le policier comprit trop tard ce qui se passait : Rodolfo, s’éloigna d’elle après lui avoir murmuré quelque chose tout en lui jetant un regard menaçant… Déjà les sirènes du navire annonçaient un départ imminent. Soudain, la jeune femme s’adressa à un douanier en lui expliquant que son père était à bord et qu’il avait oublié ses chemises. Il fallait absolument qu’elle les lui remette. Le douanier la regarda, la crut et l’autorisa à y aller tout en lui demandant de revenir vite à quai…
Rodolfo et Mona –il lui avait déjà trouvé un nom– étaient maintenant proches de l’embarquement. Le policier comprit trop tard ce qui se passait : Rodolfo, s’éloigna d’elle après lui avoir murmuré quelque chose tout en lui jetant un regard menaçant… Déjà les sirènes du navire annonçaient un départ imminent. Soudain, la jeune femme s’adressa à un douanier en lui expliquant que son père était à bord et qu’il avait oublié ses chemises. Il fallait absolument qu’elle les lui remette. Le douanier la regarda, la crut et l’autorisa à y aller tout en lui demandant de revenir vite à quai…
Ce n’était pas encore cette fois-ci que l’activité fortement lucrative deRodolfo allait prendre fin.
D’autres filles enlevées, rêvant d’une meilleure vie, abusées, naïves allaient partir rejoindre les centaines de bordels de Buenos Aires, entendre des chansons raconter leurs drames ou danser sur des pensées tristes avant de vendre leur corps.
Photo La Boca J. L. Raguenel
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire