Oigo tu voz
Lettre datée du 3 septembre 1952 et trouvée au marché aux puces de San Telmo.
«Ma chérie,
Je viens partager un moment avec toi car avec qui d'autre puis-je partager des élans, des sentiments amoureux, un tango, des pensées intimes. Nulle autre que toi ne me rend si heureux et pourtant, je peux être aussi un peu triste, un peu seul quand tu es loin de moi, même si j’espère que bientôt je te rencontrerai au café San Lorenzo.
J’ai cette chance d'avoir en moi ces signes de l'amour, ces signes de la danse, je tourne en rond ou fais les 100 pas, je m’assois, je prends le temps de goûter à cette douleur, et je ne fais rien d'autre que d'attendre un prochain bateau, un prochain tango pour te revoir et te serrer dans mes bras.
je reste ainsi apparemment calme tout en sachant que cette quiétude pourrait se métamorphoser en violence si l'attente devait être longue,
j’écoute Di Sarli mais tu n'est pas là pour l'entendre,
je lis quelques lignes d'un roman mais tu n'es pas à nos côtés pour entendre une si belle phrase : "je me déshabillai et me glissai sous la couverture, et puis elle vint se couler à côté de moi. Tandis qu'elle m'écrasait la tête contre ses seins fermes mais douillets en couvrant mes paupières de baisers, je descendis jusqu'à la source tiède de son corps.",
j’écoute "Tango porteno" mais tu n'es pas là pour un abrazo, je goûte l’immobilité, la cruelle suspension du temps mais vite, pour me ressaisir, je laisse venir à moi une image d’un bonheur excessif et je penche mon visage vers ta bouche, la baise et c’est déjà demain." Vincente.
1 commentaire:
Cette lettre, si bien écrite, traduit bien, en ce superbe jour d'automne montréalais, l'intense désir amoureux, le désir de tous les amoureux du monde, depuis toujours, pour celle qui n'est pas là, et qu'on désespère de tenir dans ses bras. Muy romántico! Merci Vincente, et j'eus souhaité pour toi qu'elle te revint vite.
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