22 février 2009

Tango et pop art

Il y a 22 ans aujourd'hui disparaissait Andy Warhol qui avait commencé sa carrière d'artiste en dessinant des chaussures.

Quel tango avait-il dans la tête ce jour-là ?
Quelle danseuse hantait ses rêves lors de ces nuits de création ?

Pièces uniques que ces dessins mais aussi pièce unique que cette chaussure... Pour nous dire qu'il ne s'agit pas d'un objet ordinaire, pour troubler le danseur qui en imagine le prolongement, pour inquiéter le tanguero au moment d'un barrage, pour nous faire douter pendant le toucher, l'effleurement ?

La chaussure est aussi équilibre, démarche et marche dans la danse : la délicate cheville maintenue par la tige, le cou-de-pied enserré par une lanière simple, double ou croisée et cette élégance dans le talon fin, long, ce talon qui a du style.

"La chaussure conduit au plaisir de la danse" semble nous dire le prince du Pop Art...

14 février 2009

Te Quiero

En Créole antillais mwen enmen

En Martinique et en Guadeloupe mwen enmen'w
Mi aime a ou sur l'Ile de la Réunion
A Tahiti ua here vau ia oe
ni su hu vendza pour Mayotte

"Ils déclenchent la grève, la faim est à la maison, le travail est dur, la paye est petite et dans la confusion d'une lutte sanglante, la loi patronale se venge des hommes..."
Extrait de Al pie de la Santa Cruz, tango de 1933

8 février 2009

Tango Berlin

Le Festival de cinéma de Berlin a débuté le 5 février dernier. Au programme, le dernier film de Sally Potter "Rage", mais cette fois-ci rien à voir avec "La leçon de tango". "Rage" se situe à New York dans le monde de la mode.

Autres films annoncés, "Le liseur" d'après le très beau livre de Bernard Schlink, la dernière réalisation de François Ozon "Ricky", "Calimucho" de Eugénie Jansen...
Lors de la soirée de clôture, l'Argentin Adrian Biniez, 34 ans, a reçu trois prix avec «Gigante», le portrait émouvant et drôle d'un veilleur de nuit de supermarché qui se révèle être, derrière un physique imposant, un homme délicat .

Et ça ne s'arrête pas là : voilà du tango argentin pour la 59ème Berlinale grâce au documentaire de German Kral "El utimo aplauso".
German Kral est né à Buenos Aires en 1968.
En 1991, il part étudier le cinéma en Allemagne et en 1997 il reçoit le prix du meilleur réalisateur au Festival international du court métrage de Bucarest pour... "Tango Berlin".
"El ultimo aplauso" conte l'histoire émouvante d'un groupe de chanteurs de tango qui se produisait dans le célèbre bar "El Chino" de Buenos Aires. Après la mort du propriétaire, les chanteurs ont perdu leur travail et personne ne se souviendrait d'eux si German Kral n'avait eu la géniale et généreuse idée de les retrouver et leur offir lors d'un film et d'un concert les ultimes applaudissements.

1 février 2009

Le tango de la perdition

Nous ne devrions pas considérer le tango comme une chose qui serait proche du désir.

La première fois que je la vis, j'eus un désir fou de l'inviter à danser.
J'aurais dû pourtant attendre encore quelques années, être plus à l'aise dans les pas, dans les élans. Elle me regarda gravement dans les yeux, m' enlaça et m' entraîna sur "Quando tu amor regrese". Mais son parfum, la douceur de ses mains, la rondeur de ses seins … je perdis mes moyens. Mes maladresses, mon inexpérience la déçurent et me firent rougir : "Tu n'es pas encore prêt" me dit-elle, "sache que danser, c'est séduire". Je voulus lui donner rendez-vous le lendemain mais elle me répondit qu'elle avait déjà un partenaire...

Une autre fois, à Rome, lors d'un voyage d'affaires, je passais la nuit avec une femme dont je ne me rappelle pas la couleur de ses yeux. Elle semblait en attente de nouvelles figures, de nouveaux tours, elle ne refusait rien, n'était choquée de rien. Tout était possible avec elle. Elle me dit que les milongas étaient des lieux de perdition, de transgression. Elle savait ce dont elle parlait. Combien d'hommes avaient pris plaisir à l'étreindre ? Et elle dansait les yeux fermés comme si elle imaginait ce tango avec d'autres corps alors que moi seul l'enlaçais.

Milongas, ces lieux où l'on aime en secret, où les imaginaires s'inventent des histoires amoureuses, où l'on s'approche, s'éloigne, lieux de rêves, de fantasmes. Les corps mis en évidence, les talons des femmes, les chemises des hommes, ce grain de beauté dans votre cou et cette goutte de sueur qui longe votre oreille gauche et demande un baiser.