31 octobre 2010

Un ange passe !

Cimetière de Recoleta pour voir la tombe la plus visitée, celle d'Eva Peron. Beaucoup de personnalités politiques sont ici : Yrigoyen, Alfonsin, Avellaneda.... Pratiquement que des grandes familles de Buenos Aires excepté la tombe d'un homme chargé de l'entretien du cimetière ; il a réalisé lui même son caveau et sculpté dans la pierre ses outils de travail. La construction achevée, il s'est suicidé ! Très tango cette anecdote !

la Chacarita. Le cimetière a été ouvert en 1871, suite à l'épidémie de fièvre jaune ; à l'époque, un train tirant trois wagons y conduisait chaque jour des centaines de corps. Cette origine dramatique et les nombreuses profanations de sépultures vont donner une mauvaise réputation au lieu. Il fallait bien que le tango se retrouvât là ! Et puis si la première tombe creusée en 1871 le fut pour un ouvrier maçon, la Chacarita était, peut-être de ce fait, destinée à être l'ultime demeure de beaucoup d’ouvriers du tango.
C'est à la Chacarita que l'on peut voir le mausolée de Carlos Gardel mais pas seulement ! En passant ici, n'oubliez pas de rendre visite à Carlos di Sarli, Anibal Troilo. Saluez JuanD'Arienzo, Francisco Canaro, les De Caro. Vous y verrez aussi Roberto Goyeneche, Alfredo Le Pera et tant d'autres encore comme Agustin Magaldi, Osvaldo Pugliese, Homero Manzi...Tous ces bâtisseurs du tango argentin.
Photo Marie Do

23 octobre 2010

Je reviens au Sud


Pour Mariano Esteban Ferreyra

Ses camarades et lui manifestaient mercredi dernier à Buenos Aires pour obtenir leur réintégration dans une entreprise de chemin de fer. Mariano Esteban est tombé sous les balles d'un gros bras de l'entreprise. Il avait 23 ans. Il est mort sur les voies de chemin de fer, tout près de ce café que l'on voit à la fin du film "Sur" 1988 de Fernando Solanas.

"Le Sud est en moi,
comme une destination de coeur,
Je suis du Sud
Comme les airs du bandonéon."
Musique : Astor Piazzolla Poème : Fernando Solanas
Traduction Denise Anne Clavilier

17 octobre 2010

Oigo tu voz

Buenos Aires 1952 par Greta Stern


Lettre
datée du 3 septembre 1952 et trouvée au marché aux puces de San Telmo.

«Ma chérie,

Je viens partager un moment avec toi car avec qui d'autre puis-je partager des élans, des sentiments amoureux, un tango, des pensées intimes. Nulle autre que toi ne me rend si heureux et pourtant, je peux être aussi un peu triste, un peu seul quand tu es loin de moi, même si j’espère que bientôt je te rencontrerai au café San Lorenzo.

J’ai cette chance d'avoir en moi ces signes de l'amour, ces signes de la danse, je tourne en rond ou fais les 100 pas, je m’assois, je prends le temps de goûter à cette douleur, et je ne fais rien d'autre que d'attendre un prochain bateau, un prochain tango pour te revoir et te serrer dans mes bras.

je reste ainsi apparemment calme tout en sachant que cette quiétude pourrait se métamorphoser en violence si l'attente devait être longue,

j’écoute Di Sarli mais tu n'est pas là pour l'entendre,

je lis quelques lignes d'un roman mais tu n'es pas à nos côtés pour entendre une si belle phrase : "je me déshabillai et me glissai sous la couverture, et puis elle vint se couler à côté de moi. Tandis qu'elle m'écrasait la tête contre ses seins fermes mais douillets en couvrant mes paupières de baisers, je descendis jusqu'à la source tiède de son corps.",

j’écoute "Tango porteno" mais tu n'es pas là pour un abrazo, je goûte l’immobilité, la cruelle suspension du temps mais vite, pour me ressaisir, je laisse venir à moi une image d’un bonheur excessif et je penche mon visage vers ta bouche, la baise et c’est déjà demain." Vincente.

Oigo tu voz -J'entends ta voix-, premiers mots de "Milonga de mes amores" de Laurenz et Contursi


11 octobre 2010

Tout ce que vous avez voulu savoir sur le tango...

Denise Anne Clavilier (Barrio de Tango) et Serge Davy (TempoTango)

Après Arras, Orléans, Toulouse, Paris, Buenos Aires..., Denise Anne Clavilier est venue à Caen présenter "Barrio de Tango" Editions du Jasmin, véritable anthologie bilingue (avec cd) du tango argentin.
Une présentation/dédicace mais surtout une conférence sur les origines du tango devant un public qui a pris le temps d'écouter autrement cette musique.
Avoir le goût pour le tango, pour ses paroles et sa danse et comprendre pourquoi il nous touche, pourquoi il est universel.
L'Histoire que nous conte Denise Anne est un arrêt, une pause dans une vie de danseur et l'intérêt porté à cette marche prend alors un autre sens.
Quelques dates 1840, 1860, 1880. Pendant une soirée, nous voyons les Noirs dans leur tangó (maison, lieu) faire la fête à côté d'Indiens et de quelques blancs, nous entendons l' argot des immigrants qui leur permet de communiquer sans être compris par la police, nous voyons débarquer d'Espagne, d'Italie, de France... ces milliers d'hommes seuls dont la plupart sont condamnés à ne plus avoir de famille (7 hommes pour 1 femme), nous côtoyons Arolas, le tout premier bandonéoniste et le contrebassiste et compositeur Santo Discepolo...
Denise Anne Clavilier ne veut pas nous donner une leçon d'histoire, elle évoque la genèse du tango, montrant ainsi qu'il arrive par bateaux -le bandonéon- et pourtant il est déjà là, (les descendants d'esclaves), il est l'Espagne et l'Italie, l'Amérique du Sud et l'Europe de l'Est. Et plus tard il sera un mythe, il sera incarné.
Mais ça, c'est le second chapitre que Denise Anne racontera quand vous l'inviterez chez vous pour parler de cet homme qui aimait à dire :"Je suis né à Buenos Aires... à mes deux ans et demi".